Chers amis et clients, nous sommes désolés de ne pas avoir plus alimenté ce site ces derniers temps, nous essaierons de faire mieux à l'avenir. Sachez déjà que nous préparons un dossier sur les animaux errants.
Pour nourrir un peu la réflexion en attendant, nous nous intéresserons aujourd'hui à la perception du chien dans l'épigraphie latine...il est commun de penser que les chiens, depuis leur domestication entre -20000 et -40000, n'ont été que des animaux utilisés pour le travail, quand le fait de s'attacher à son chien ne serait qu'une invention récente...examinons aujourd'hui quelques inscriptions latines :
"Portavi lacrimis madidus te nostra catella,
quod feci lustris laetior ante tribus.
Ergo mihi, Patrice, jam non dabis oscula mille
nec poteris collo grata cubare meo.
Tristis marmorea posui te sede merentem
et junxi semper manib(us) ipse meis,
morib(us) argutis hominem simulare paratam ;
perdidimus quales, hei mihi, delicias.
Tu dulcis, Patrice, nostras attingere mensas
consueras, gremio poscere blanda cibos.
Lambere tu calicem lingua rapiente solebas
quem tibi saepe meae sustinuere manus,
accipere et lassum cauda gaudente frequenter
et mi omnes gestu dicere blanditias."
Ce qui peut se traduire, selon ODYSSEUM, par :
"Le visage baigné de larmes, je t’ai portée, ma petite chienne, comme je l’ai fait avec plus de joie durant quinze ans. Désormais, Patricè, tu ne me donneras donc plus mille baisers, et tu ne pourras plus, avec plaisir, te coucher sur mon cou. Avec tristesse, je t’ai déposée dans la demeure de marbre à laquelle tu avais droit et je t’ai unie définitivement à mes propres mânes. Tu étais dressée à imiter l’homme par des attitudes expressives : quel trésor j’ai perdu, pauvre de moi ! Toi, douce Patricè, tu avais l’habitude de venir à ma table, de demander gentiment, sur mes genoux, de la nourriture, tu étais habituée à lécher, de ta langue experte / rapide, la coupe, que souvent mes mains ont tenue en l’air pour toi, à m’accueillir fatigué, de ta queue fréquemment joyeuse, et à me dire toutes sortes de gentillesses par ton expression corporelle."
Difficile de penser autrement à "patricè" qu'à un de nos compagnons d'aujourd'hui !
Une autre ?
"Gallia me genuit, nomenmihi divitis undae
Conchadedit, formae nominis aptus honos.
Docta per incertas audax discurreresilvas,
collibus hirsutas atque agitareferas,
non gravibusvinclisunquam consueta teneri
verberanec niveo corpore saeva pati.
Molli namque sinu domini dominaeque jacebam,
et noram in strato lassa cubare toro
et plusquam licuit mutocanisore loquebar :
nulli latratuspertimuere meos.
Sed jam fata subiipartuiactata sinistro,
quam nunc sub parvo marmore terra tegit."
Là encore :
"En Gaule je suis née, et Perle (Concha) était mon nom, un nom qui fut tiré des richesses de l’onde, un nom qui allait bien à ma beauté insigne. L’audace me faisait courir ici et là les sentes forestières, chasser, dans les vallons, les bêtes fauves hirsutes. Je ne supportais pas d’être tenue en laisse, et mon pelage blanc refusait du bâton l’inadmissible offense. J’étais sur les genoux du maître, de sa femme, et puis, lassée, j’allais sur un lit bien moelleux. Je savais m’exprimer mieux qu’il n’est ordinaire par ma face de chien et son muet langage. Mais jamais mes abois n’ont effrayé personne ! Maintenant, je suis morte, en donnant la lumière aux fils que je portais. Sous ce marbre exigu m’emprisonne la terre..."
Là encore, difficile d'imaginer un regard très différent de celui d'aujourd'hui, les romains étaient décidément les mêmes humains que ceux d'aujourd'hui !
Les épigrammes de Martial parlent également de la chienne Issa, qui appartint à Publius :
"Si elle pousse de petits cris plaintifs, tu croiras, toi, qu’elle est douée de la parole ; elle ressent tristesse et joie. Elle est couchée tout contre son cou et dort, sans qu’on remarque sa respiration. Et quand ses besoins se font pressants, elle ne souille le couvre-lit d’aucune goutte ; mais d’une patte câline, elle le réveille, lui fait signe de la descendre du lit puis demande à remonter sur le lit. Il y a une si grande pudeur dans cette chaste petite chienne qu’elle ignore Vénus ; et nous ne trouvons pas d’époux qui soit digne d’une si délicate jeune fille."
On imagine Publius chercher un chien mâle digne de cette "jeune fille" pour
qu'Issa porte une gestation !
C'est sur ces mots que nous refermerons la page d'aujourd'hui, en attendant des articles plus conséquents consacrés à la santé de nos compagnons !